Les souvenirs oubliés

2021
travail de bachelor HEAD-Genève
reliure cousue
170x240mm
128 pages
design éditorial
graphisme
photographie

Les souvenirs oubliés est un récit intimiste regroupant des discussions entre une grand-mère atteinte d’Alzheimer et sa petite-fille. Les échanges personnels ont été enregistrés puis retranscrits entre mars 2020 et mai 2021. Des images d’archives viennent se mêler aux vieux souvenirs, souvent flous et répétés, de la grand-mère, tandis que des photographies documentent sa vie depuis l’apparition de la maladie. On y découvre ainsi de la confusion, de la sincérité et des moments de complicité.

Dû à la maladie, les souvenirs de la vie se mélangent, s’estompent ou se réinventent, créant ainsi une nouvelle réalité pour la personne atteinte. Les proches doivent alors s’adapter et faire preuve de patience face aux paroles qui se répètent constamment et à l’oubli des souvenirs. Ce livre a pour but de mettre en avant les sentiments d’une personne qui se rend compte qu’elle perd la mémoire et de dédramatiser cela à travers une expérience personnelle. Cet ouvrage s’adresse principalement aux proches d’une personne atteinte d’Alzheimer afin de montrer qu’une relation peut continuer d’exister malgré la dégradation des souvenirs.

Madeleine, c’est le prénom de ma grand-mère maternelle. Elle est née le 21 janvier 1938 en Isère. C'est la benjamine de la famille. Elle habitait avec ses parents, Lucien et Clémence, et ses deux sœurs, Jeanine et Lucette, dans un petit village, Veyrins-Thuellin. Elle y a passé la majeure partie de son enfance et adolescence. Elle est ensuite partie du village pour trouver du travail.
En 1966, elle a eu son premier enfant, une fille. Il s’agit de Marie-Clémence, ma maman.
En 1968, elle décide de partir vivre à Genève et trouve un travail au Café du Moulin Rouge à Plainpalais. Elle y rencontre son patron, Peter Ruppen qui deviendra son époux le 18 juin 1977. Ils ont eu ensemble un fils, David, un an avant leur mariage. Ils emménagent tous les quatre en 1976 à Plainpalais.
Mon grand-père décède en septembre 2001 et ma grand-mère continue sa vie, toujours dans le même appartement.

En 2018, on a constaté qu’elle commençait à avoir de la difficulté à retenir de nouvelles informations. C’est à ce moment-là qu’Alzheimer est entré dans sa vie et dans celle de ses proches. Mais c’est surtout en janvier 2020 qu’il s’est installé quotidiennement avec elle. Sa perception temporelle a changé et ses souvenirs se sont mélangés avec ses rêves. Les arbres pouvaient être verdoyants en hiver et le soleil éclairer la nuit. Parfois, pendant quelques secondes, elle revenait dans notre temporalité comme si tout était normal. Ne pouvant plus rester seule, elle a dû quitter définitivement son appartement pour aller dans un EMS le 25 juin 2020.

Lorsque sa mémoire s’est fortement dégradée en janvier 2020, j’ai commencé à enregistrer des bouts de nos discussions que je trouvais touchants par ses moments de confusions, de sincérité et de complicité. Je voulais aussi garder de précieux moments de sa vie de peur qu’ils n’existent bientôt plus.
J’ai souhaité utiliser ces discussions pour en faire cet ouvrage rempli d'échanges entre une grand-mère atteinte d'Alzheimer et sa petite-fille. Des images d'archives retrou- vées viennent se mêler aux souvenirs évoqués ainsi qu'à des photographies plus récentes.

Ce projet très intime montre également que, malgré la perte de mémoire qui prend de plus en plus de place, une complicité peut continuer à évoluer. Elle doit simplement s’adapter à une nouvelle perception du monde.